Il n’y a pas si longtemps, j’étais plongé dans l’univers du Camp Mariste. Celui de gens heureux qui rendent d’autres gens heureux. Parmi ces derniers, j’ai eu la chance de côtoyer Mélissa.
Mélissa était déjà venue quelques étés au Camp avant cette année. Il y avait eu des bons étés, puis d’autres plus rocambolesques. Dans tous les cas, les moniteurs remarquaient toujours quelque chose de constant: cette campeuse était mature, énergique et attachée au Camp. J’étais bien au courant de quel quartier elle venait. Elle semblait avoir connu des histoires auxquelles je n’avais jamais été personnellement confronté et avait vécu des situations que je ne vivrai probablement pas de mon vivant. Bref, le Camp lui faisait du bien.
En revenant cette année, j’ai tout de suite remarqué que quelque chose avait changé chez elle. En passant 90% de mon temps avec des campeurs de 10 à 12 ans, je parlais rarement avec des jeunes qui étaient aussi matures, calmes et adultes. Avec elle, malgré ses 12 ans, je pouvais discuter comme je parlerais à une adulte et ce, dès son arrivée. J’ai aussi remarqué qu’elle faisait partie de ces campeurs qui embarquent le plus dans les folies des moniteurs, remplies de personnages et de mondes imaginaires, ce qui m’a surpris. Mélissa chantait toutes les chansons que nous avions créées, participait à toutes les activités et embarquait dans notre thématique d’une manière brillante, réfléchie et dynamique. Le Camp lui permettait d’être un enfant à nouveau.
En participant à la thématique comme jamais, Mélissa a pu comprendre ce que nous essayons tant de véhiculer par l’entremise de celle-ci, soit l’importance d’avoir une passion et l’importance d’avoir des aspirations qui nous dépassent. Elle a compris qu’à son âge, mieux vaut jouer plutôt que travailler. Que mieux vaut essayer de comprendre plutôt qu’imiter. Que mieux vaut être entraînée plutôt que subir. D’un oeil extérieur, nous avions l’air fous sur nos balais qui ne volaient même pas (ce n’est pas de notre faute, il n’y avait pas de bon vent). Mais de l’oeil de Mélissa, nous étions la représentation que même sans talent, sans vent et sans magie, nous pouvions tous y croire.
Il s’agissait probablement de son dernier été, comme probablement du mien. Mais sache, Mélissa, que ce fût un plaisir de partager avec toi cette vision de ce que c’est être un enfant, un vrai.
– Champion, moniteur de 2011 à 2016